Accès au contenu
MÉTÉO

Récoltes fourragères : des éleveurs en grande difficulté

En bovin et caprin, toutes les exploitations rencontrent des difficultés avec la météo de ce printemps. Les éleveurs caprins en système 100 % foin souffrent particulièrement.

Récoltes fourragères : des éleveurs en grande difficulté
Ce printemps, les fenêtres météo pour ensiler ou enrubanner l'herbe ont été très limitées. ©Archives AD26.

Pour les éleveurs, alors que les stocks de fourrages devraient être en cours de reconstitution, ce printemps est un véritable casse-tête. « Globalement, depuis début avril, ils n’ont eu que deux petites fenêtres météo où il a fait à peu près beau : une très précoce début avril et une pour le week-end de l’Ascension, résume Jean-Philippe Goron, conseiller chez Adice*. Dans ces deux petites fenêtres, ils étaient censés semer les maïs, récolter les ensilages d’herbe, les foins... » En ce début du mois de juin, « tout le monde est à la bourre et hyper stressé », reconnaît le conseiller.

En zone de plaine, « la situation est très compliquée, relève Jean-Philippe Goron. Pour les éleveurs en bovins lait, ou chez tous ceux qui font de l’ensilage, le retard est très important. D’abord sur les semis de maïs. Soit ils ont pu réaliser début avril des semis précoces mais ont été confrontés à de grosses difficultés pour désherber. On a donc des maïs plutôt sales, qui ont eu les pieds dans l’eau et ont rencontré des difficultés de levée… Soit sur certaines parcelles, ils n’ont pas encore pu semer [au 3 juin, ndlr]. Ils doivent donc changer d’indice de précocité voire choisir de semer du sorgho car on n’est pas à l’abri désormais d’une sécheresse ou d’une canicule ». Côté ensilage d’herbe, Jean-Philippe Goron indique que la majorité des éleveurs suivis par Adice a pu réaliser sa première et deuxième coupe mais sur des fenêtres très courtes et dans des conditions qui ont parfois abîmé les parcelles. Concernant la qualité de ces récoltes, il est encore « trop tôt » selon lui pour se prononcer sur les valeurs nutritionnelles.

Craintes en AOP Picodon

Les exploitations qui rencontrent les plus grandes difficultés aujourd’hui sont celles qui reposent sur un système 100 % foin, à commencer par les éleveurs caprins en AOP Picodon. Seuls quelques élevages ont réussi à faire une première coupe dans une fenêtre très limitée et sur de petites surfaces. Pour les autres, celle-ci n’a pu être réalisée ou a pris l’eau. « Ces systèmes n’ont hélas pas vraiment d’alternative », avertit Jean-Philippe Goron. Selon les remontées du terrain, certains éleveurs ont même fini leurs stocks de 2023 et se retrouvent sans foin pour leurs chèvres. Reste à espérer que ces exploitations pourront réaliser leur première coupe au plus vite puis une deuxième ou troisième coupe sur juillet, à condition que la météo ne tourne pas rapidement à la canicule.

Seuls les systèmes pâturants, en bovin comme en caprin, n’ont pas trop souffert de ce printemps pourri. « Globalement ceux qui sont organisés pour pratiquer le pâturage tirent plutôt leur épingle du jeu », reconnaît le conseiller. Mais avec tout de même un risque que les animaux abîment les parcelles gorgées d’eau.

Enfin, du côté des éleveurs de la zone de Vercors, la situation serait « moins dramatique » selon Jean-Philippe Goron. Quelques jours de beau temps pourraient leur permettre d’attaquer les foins et de se trouver « moins à la bourre » que les éleveurs en plaine.

Sophie Sabot

* Adice : Ardèche Drôme Isère Conseil Élevage
Témoignage

« Il nous faut une semaine complète de beau temps »

Alors qu’il scrute la météo de ce début juin, Florent Castry, éleveur de bovins viande à Montmiral confirme que la situation est compliquée. « Nous avons réussi à faire nos ensilages d’herbe dans des fenêtres très courtes. Dès que le beau temps revient, nous attaquerons en simultané les ensilages de méteil et les foins sur lesquels on risque de perdre une coupe », explique l’éleveur. L’humidité des sols est très élevée et sans une semaine complète de beau temps, il sera compliqué de parvenir à se mettre à jour dans les travaux. Il relativise toutefois sa situation. « Quand je vois ce que vivent nos collègues dans l’Yonne ou la Somme, je me dis que ce ne sera pas notre meilleure année, c’est certain, mais j’espère qu’on aura enfin une fenêtre météo assez longue pour rattraper le retard », conclut-il.