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TECHNIQUE CULTURALE

L’exigeante culture du houblon

Ne s’improvise pas houblonnier qui veut ! Le houblon est une plante atypique dont la culture demande une certaine technique et du matériel spécifique. Mais la demande est là.

L’exigeante culture du houblon
Il faut compter environ 100 000 euros pour implanter un hectare de houblon, matériel de culture et de récolte inclus. © HoppFrance

à première vue, une houblonnière ressemble à un champ de poteaux recouverts de lianes qui peuvent atteindre plus de dix mètres de haut. Pourtant, c’est bien dans la terre que tout se joue pour la culture de cette plante. Une terre limono-argileuse, riche en minéraux et humus avec un sol plutôt profond, voici les ingrédients pour une bonne croissance du houblon. Ajouter à cela que les houblonnières ont des besoins importants en eau sur la période mai, juin et juillet. 
De ce fait, les régions comme l’Alsace et le nord de la France sont historiquement propices à cette culture. « Le houblon est une plante assez exigeante, en tout cas lorsque l’on souhaite lui faire exprimer tout son potentiel de rendement », indique Joris Vicet, ingénieur au sein de l’AGPH (Association générale des producteurs de houblon de France). Autre particularité, le houblon est une plante dioïque, cela veut dire qu’il existe des pieds mâles et des pieds femelles. Seuls les pieds femelles produisent des fleurs en forme de chatons qui évoluent en lupuline. C’est cette lupuline qui donne à la bière son amertume, après plusieurs mois de travail.

Une plante volubile

Le houblon est une plante pérenne. Pour la planter, deux périodes sont propices, l’automne et le printemps. C’est fin février, début mars que le houblon va commencer à sortir de terre avec déjà une première opération à réaliser sur la plante, la taille mécanique. « Cette opération consiste à tailler la souche légèrement en dessous ou au niveau de la surface du sol pour la ramener au niveau de taille. Cette étape permet de stimuler la plante, de maintenir le pied à l’endroit où il a été planté, et d’éviter de conserver des bourgeons contaminés par des formes hivernantes de maladies (mildiou et oïdium) », explique l’ingénieur. Le houblon est une plante volubile, de fait, la mise en place d’un support la guidant est indispensable sur la période de mars et avril. Ce support offre aux lianes la possibilité de s’enrouler et de grimper jusqu’en haut de l’échafaudage, ce qui optimise le potentiel de rendement. Au mois de mai, quand le houblon fait deux à trois mètres de haut, on peut procéder au buttage. « Sur le même principe que pour la pomme de terre, le buttage consiste à ramener de la terre de l’inter-rang sur le rang de houblon pour former une butte d’environ 15-20 cm au-dessus du sol », indique Joris Vicet. Cette étape permet notamment de favoriser l’apparition et le développement des racines. Le défanage intervient ensuite en juin. Défaner le houblon consiste à éliminer les feuilles de l’étage inférieur des lianes de façon thermique ou chimique. « Le défanage est une mesure prophylactique qui permet d’atténuer le risque d’attaques d’acariens et limiter la pression des maladies au sein de la parcelle », rajoute l’expert. Enfin, c’est fin août, courant septembre qu’a lieu la récolte. Pour cela, un bras de récolte ou bras arracheur est nécessaire pour extraire les lianes. La remorque pleine de lianes de houblon est ensuite déchargée devant la cueilleuse, une machine fixe qui permet de séparer les cônes du reste de la végétation. Mais patience, il faut à la plante au moins trois ans pour exprimer 100 % de ses rendements.

17 producteurs en Aura

« Si dans le monde près de trois cents variétés de houblon sont recensées, en Auvergne-Rhône-Alpes (Aura), une vingtaine seulement est cultivée », explique Fabien Repiquet, chef d’exploitation à la ferme Houblon du Moulin dans l’Ain. « Je crois en la possibilité de réimplanter cette culture dans le paysage agricole local. D’abord parce qu’il y a peu de surfaces mises en jeu et parce que la demande est forte dans la région », défend l’agriculteur par ailleurs président de l’Aphara (association de producteurs de houblons en Auvergne-Rhône-Alpes). En région, les producteurs se dirigent vers des variétés qui s’acclimatent le mieux aux conditions locales mais leur choix se fait aussi en fonction de la demande des brasseurs locaux. « Aujourd’hui, dix-sept producteurs de houblon sont recensés en Auvergne-Rhône-Alpes pour près de 25 hectares de surfaces cultivées », souligne le chef d’exploitation. Malgré la forte demande des brasseurs, ils sont finalement peu nombreux à se lancer dans cette production. « La culture du houblon est très technique à mettre en place et à suivre. Le temps de mise en route et de montée en rendement est long (trois à cinq ans suivant l’installation) et les investissements sont importants. Compter environ 100 000 € pour un hectare avec le parc matériel de culture et de récolte (sans compter le foncier) », confie Fabien Repiquet.

Baptiste Vlaj