Filière brassicole
Du houblon bio  dans le Haut-Diois

En 2020, Xavier Peyrard et Marie Langlais se sont installés à Boulc, dans le Haut-Diois, pour lancer une production de houblon bio. Passionnés par cette culture exigeante, ils développent différentes variétés et fournissent plusieurs brasseurs régionaux.

Du houblon bio  dans le Haut-Diois
« Nous avons plusieurs variétés, notamment pour pouvoir étendre la récolte qui se fait plutôt de fin août jusqu’à mi-septembre, car toutes n’ont pas la même temporalité », indique Xavier Peyrard, producteur de houblon à Boulc. © EP

Après avoir travaillé dans des houblonnières en Alsace et en Belgique, Xavier Peyrard et Marie Langlais ont choisi Boulc pour installer leur culture de houblon, conduite en bio. En 2020, ils ont posé leurs valises dans le corps d’une ferme qu’ils ont acheté pour démarrer leur activité et depuis, les plants de houblon sont devenus des lianes de six mètres de haut. Sur trois hectares, bientôt quatre, environ sept variétés principales se côtoient. « Nous avons plusieurs variétés, notamment pour pouvoir étendre la récolte qui se fait plutôt de fin août jusqu’à mi-septembre, car toutes n’ont pas la même temporalité », indique le producteur. Si certaines variétés de houblon sont faciles à développer et fonctionnent partout, d’autres sont plus techniques et demandent des ajustements. La Cascade ou la Nugget sont demandées et poussent bien, ce qui est un peu moins vrai pour la Centennial, très demandée également mais plus risquée car « très sensible au mildiou et aux intempéries ». Les houblonniers jonglent donc en se gardant une marge de test sur leur parcelle. « On expérimente ce qui pourrait fonctionner. C’est toujours un compromis entre ce qui fonctionne bien et ce que les brasseurs recherchent, fait remarquer Xavier Peyrard. Mais on essaie de ne pas faire trop de variétés faciles à cultiver car si tout le monde fait ça, l’offre deviendra supérieure à la demande. »

La sécheresse inquiète

Le houblon est une plante pérenne, vivace, dioïque et herbacée qui fait partie de la famille des lianes. Pour développer une houblonnière, les plants femelles sont sélectionnés et l’installation de la parcelle nécessite des aménagements car la plante peut monter jusqu’à huit mètres de haut. Deux ans après son installation, Xavier Peyrard ne regrette pas d’avoir choisi le Haut-Diois car la météo y est plus clémente, même si, comme pour beaucoup, la sécheresse inquiète. « Idéalement, la plante doit grimper jusqu’en haut d’ici fin juin et sa floraison doit se faire en juillet », explique-t-il. Après avoir grimpé, des rameaux se forment sur les côtés et des chatons y fleurissent pour se transformer en cônes. Dans ces derniers est contenu la lupuline, une substance résineuse utilisée dans la bière.
En parcourant sa houblonnière, Xavier Peyrard désigne les plants qui n’ont pas assez grimpé, ou dont les cônes se sont formés trop en avance. La récolte sera correcte, même si le producteur a eu très peur d’une année blanche : « On fait tout ce que l’on peut pour les protéger, on a paillé les buttes au pied des plants, nous avons aussi une haie qui les protège du vent car le houblon le craint beaucoup ».

Une filière en circuit court

De fin août à mi-septembre, deux personnes seront embauchées pour venir aider à récolter le houblon. La récolte passera ensuite dans une cueilleuse à houblon, imposante machine qui permet de séparer déchets et cônes. Ces derniers seront placés dans un séchoir durant quatre heures et demie puis conditionnés et transformés en granulés afin d’être vendus aux brasseurs.De 1,4 à 2 tonnes du Houblon bio Diois sont produits par an, et pour l’instant, 90 % de la récolte des deux producteurs part chez des brasseurs de la région Auvergne-Rhône-Alpes dont la moitié entre les territoires du Diois et de la vallée de la Drôme. « Même si la filière est très jeune, on n’aura pas une houblonnière par commune. C’est un marché de niche mais la production d’une brasserie ne suffit pas à nous tenir à l’équilibre financier. Il nous faut au minimum 20 à 30 clients pour que ce soit le cas, explique Xavier Peyrard. La saturation du marché peut être rapide. »
La filière brassicole est en train de se structurer et celle du houblon n’en est qu’à ses prémices hors régions historiques comme l’Alsace, le Nord ou la Belgique où elle fonctionne en coopérative. L’essor des micro-brasseries a dynamisé les installations, même si pour l’instant les producteurs indépendants de houblon sur le reste du territoire français occupent quelques dizaines d’hectares seulement.
Il reste tout à faire pour développer le secteur et le réseau est une part importante de la structuration de la filière du houblon. Xavier Peyrard fait partie de l’Aphara (Association des producteurs de houblon en Auvergne-Rhône-Alpes) et également de Houblon de France, qui regroupe et fédère les producteurs indépendants de houblon au niveau national.

Elodie Potente