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Réforme régionale

Le visage des treize nouvelles régions

Les treize nouvelles régions métropolitaines qui verront le jour au 1er janvier 2016 redistribuent les équilibres intérieurs. En tant que gestionnaires de fonds européens, certaines vont s'imposer comme des acteurs majeurs de la vie agricole française.
Le visage des treize nouvelles  régions

Pour la première fois, l'Insee a intégré la carte des treize nouvelles régions métropolitaines telles qu'elles apparaîtront au 1er janvier 2016 dans son ouvrage « La France et ses territoires en 2015 ». D'après l'Institut, les nouvelles régions se ressemblent plus entre elles que les anciennes. En associant des régions riches à d'autres plus pauvres (Rhône-Alpes et Auvergne), des régions densément peuplées avec d'autres plus clairsemées (Nord-Pas-de-Calais et Picardie), le gouvernement a construit une carte de France plus homogène. Ce constat vaut également pour l'agriculture, à l'exception de la Corse et de l'Île-de-France, l'écart entre les PIB agricoles (valeur ajoutée réalisée par l'agriculture) des régions métropolitaines se réduit.  Si le PIB agricole de l'Aquitaine est aujourd'hui 9,5 fois plus important que celui du Limousin, celui d'Aquitaine Limousin Poitou-Charentes sera demain « seulement » 3,5 fois plus élevé que celui de Paca. De même, le poids de l'agriculture dans le PIB est plus homogène entre les régions. Aujourd'hui, la part de l'agriculture dans le PIB la plus forte appartient à l'Aquitaine avec 8,7 % du PIB, demain, c'est la région Aquitaine Limousin Poitou-Charentes, qui détiendra le plus haut taux, mais avec seulement 4,1%.

Une nouvelle hiérarchie

À la faveur de cette réforme, une nouvelle hiérarchie des régions agricoles se dessine, dans laquelle les territoires élargis gagnent des rangs par simple effet d'agrégation. La région Auvergne Rhône-Alpes deviendra ainsi la deuxième région la plus peuplée de France, la quatrième à l'échelle européenne. Avec un PIB par habitant de 30 946 euros (25 860 euros en France), la région Auvergne Rhône-Alpes dispose d'une population nombreuse avec un pouvoir d'achat supérieur à la moyenne. Autre atout, la grande région dispose du parc d'accueil hôtelier le plus vaste de France dont de nombreuses résidences de tourisme. Selon les statistiques agricoles, Aquitaine
Limousin Poitou-Charentes deviendrait la première région agricole française, au regard de la part du PIB issu de l'agriculture, autrement dit son PIB agricole (6,4 Mrd d'euros) et de l'effectif d'exploitations agricoles présentes sur son territoire (83 138). En termes de PIB agricole (valeur ajoutée), elle devance Alsace Champagne-Ardennes Lorraine (5,2 Mrd d'euros) et Nord-Pas-de-Calais Picardie (3,6 Mrd d'euros). En nombre d'exploitations agricoles, elle devance Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées (78 329) et Auvergne Rhône-Alpes (62 694) qui se classe troisième. Les régions qui n'ont pas fusionné, comme la Bretagne et Pays de Loire, reculent dans la hiérarchie.

Premier chiffre d'affaires d'Europe

En termes de valeur produite (chiffre d'affaires), l'Aquitaine Limousin Poitou-Charentes devient, avec 11 milliards d'euros, la première région agricole européenne, portée par les céréales et la vigne, selon les statistiques d'Eurostats compilées par Agreste Aquitaine. Elle devance la Bavière, l'Andalousie et la Bretagne, et représente à elle seule, 15 % du chiffre d'affaires de la ferme France, ou bien comme le souligne Agreste, le tiers de celui du Royaume-Uni, et le triple de celui de la Bulgarie. La puissance de cette région tient certainement à sa surface agricole utile (environ 3,9 millions d'hectares), la plus importante des nouvelles régions, devant Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées (3,18 Mha) et Alsace Champagne-Ardennes Lorraine (3,01 Mha). En termes d'emploi, elle se situe, avec 130 000 UTA (unités de travail agricole), au premier rang français et au dix-huitième en Europe. En revanche, en termes de charges salariales, elle est la première d'Europe avec 1 milliard et demi d'euros de charges, devant l'Andalousie et Midi-Pyrénées Languedoc-Roussillon.
En somme, la nouvelle cartographie ne change pas la physionomie des exploitations françaises : sur les 515 000 exploitations agricoles recensées en 2010, un tiers sont localisés dans le quart Sud-Ouest (Aquitaine Limousin Poitou-Charentes et Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées). Les quatre régions du Sud de la France (Paca, Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées, Auvergne Rhône-Alpes et Aquitaine Limousin Poitou-Charentes) sont celles dont les exploitations sont de plus petite taille en moyenne (28 ha en Paca, 46 en Auvergne Rhône-Alpes contre 113 ha en Île-de-France). 

 

La ruralité défavorisée

Les treize régions s’agrandissent alors même que les disparités se creusent au sein de leurs territoires. L’emploi progresse plus vite dans les zones urbaines. Les territoires spécialisés en agriculture perdent de l’emploi et se renforcent dans leur vocation agricole. La nouvelle cartographie « La France et ses territoires » proposée par l’Insee, nous montre une France dans laquelle les disparités territoriales se renforcent, en défaveur des zones rurales.
Fin 2013, trente zones d’emplois parmi les 321 de France concentrent la moitié des postes. La seule zone de Paris concentre 13,9 % du total. Entre 1999 et 2011, l’emploi a plus fortement progressé dans les zones urbaines à forte concentration de cadres et professions intellectuelles (+ 0,8 % par an en moyenne, contre + 0,6  % sur tout le territoire). L’emploi progresse aussi plus vite dans les zones orientées vers les professions tertiaires que dans les zones orientées vers les professions types des secteurs primaires et secondaires (agriculture, industrie...). Selon l’Insee, les territoires où les métiers agricoles sont surreprésentés (7 zones sur 321 en France métropolitaine), sont les seuls à avoir perdu de l’emploi (environ - 0,1 % par an) entre 1999 et 2011 (+ 0,6 % par an en France).

Spécialisation
Selon l’Insee, « la spécialisation métier des territoires a eu tendance à se renforcer » entre 1999 et 2011. En effet, dans les zones à vocation agricole, la baisse de l’emploi « agricole » a été un peu moins forte qu’ailleurs (-2,94 % par an en moyenne), et elles ont gagné moins de cadres que les autres territoires (+1,01 % par an). A l’inverse, les zones métropolisées aux emplois déjà très qualifiés ont encore gagné des emplois de cadres et perdu des emplois industriels et agricoles. Seules les zones ouvrières échappent à cette tendance : ce sont elles qui ont perdu la plus forte proportion d’emplois ouvriers. 

Rhône-Alpes Auvergne en chiffres 
Population :
2014 : 7,8 millions d’habitants
11,9 % de la population française
2040 : 9 millions d’habitants
Agriculture :
3,3 vaches pour dix habitants
20 poulets pour dix habitants
PIB agricole : 5,28 milliards d'euros
Foncier :
Superficie totale : 6,97 millions d'hectares
SAU : 3,1 millions d'hectares