Engins agricoles

Choisir les bons pneus pour préserver ses sols

«Un sol qui fonctionne bien, qui n’est pas tassé, est constitué de 50 % de vide, d’air et d’eau », explique Yann Janin, conseiller technique à la chambre d’agriculture de l’Isère. « Un sol tassé réduit l’activité des vers de terre qui ont alors du mal à se déplacer en raison d’un sol trop dur », rajoute-t-il.
Lorsque le sol est tassé, cela se constate sur le moment, mais cela a également des effets assez durables dans le temps, notamment sur l’enracinement des cultures. Concrètement, le maïs atteint 50 cm de profondeur dans un sol non tassé en juin, mais en sol tassé, il n’atteint cette profondeur qu’en juillet. Un sol tassé ralentit ainsi la montaison qui arrive plus tard que prévu, créant des pertes de rendement conséquentes. Le tassement des sols réduit également la réserve utile (RU). Par exemple, pour un sol composé de limon argileux profond, la RU maximale est de 117 mm. Lorsque le sol est compacté, la RU n’atteint que 104 mm. Pour un sol composé de graviers superficiels, la RU maximale en sol non tassé est de 84 mm et de 77 mm pour un sol tassé.

Conserver ses sols

En agriculture de conservation des sols, les infiltrations sont améliorées, et donc la portance aussi. Par exemple, dans une parcelle où les sols ont été conservés pendant vingt ans, l’infiltration d’eau est en moyenne de 160 mm par heure, alors que dans une parcelle labourée pendant vingt ans, elle n’est que de 50 mm par heure. Pour une parcelle conservée pendant dix ans, 150 mm s’infiltrent en moyenne par heure contre 70 mm pour une parcelle labourée pendant le même nombre d’années. Une parcelle cultivée dans le cadre d’une agriculture de conservation des sols pendant huit ans verra environ 100 mm d’eau s’infiltrer par heure en moyenne contre 70 mm pour une parcelle labourée pendant huit ans. « Ce n’est pas l’absence de travail du sol qui est important, c’est surtout la présence de racines et de couverts à un moment donné », explique Yann Janin. Et d’ajouter qu’il faut alterner les modes d’implantation des cultures pour avoir un sol aéré. Ainsi, un tassement limite la prospection racinaire et donc l’accès aux éléments, à l’eau, et rend la culture plus sensible aux aléas climatiques.

Quels pneus choisir ?

Le choix des pneus de son matériel agricole doit alors être réfléchi. Pour Damien Gayet, de la fédération régionale des Cuma, « un tracteur n’est rien sans des pneumatiques adaptés ». Un bon dimensionnement et une utilisation adaptée peuvent permettre 5 à 10 % d’économie de gazole non routier (GNR). Les pneumatiques doivent répondre à plusieurs objectifs : l’adhérence, l’efficience énergétique, le respect des sols et la durabilité. « Pour tracter quelque chose de lourd, il faut avoir le plus grand volume d’air possible dans les pneus, rappelle le technicien. Mais comme les tracteurs vont de plus en plus vite, il faut vérifier qu’ils soient bien conçus pour tenir la charge en roulant à 40 km/h. » La pression des pneus a une influence différente sur un sol dur ou mou. Sur un sol dur, il faut avoir une surface de contact assez faible car plus cette surface de contact est large, plus il faut de l’énergie pour entraîner le déplacement de l’engin agricole. La baisse de pression peut être préjudiciable au pneu s’il n’est pas conçu pour tenir cette baisse de pression. Certains facteurs influencent ainsi le tassement de surface et de profondeur. En profondeur, il est plus difficile à corriger car les interventions mécaniques sont souvent lourdes. En surface, tout dépend du type de pneus et leur pression. Plus le tracteur est puissant, plus la puissance transmise doit être importante. En analysant la pression de contact au sol, « on sera toujours meilleur avec un jumelage que sur un pneu extra-large », assure Damien Gayet. 

MP 
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