Tribune du président de la FNSEA
Planification écologique : affecter les moyens aux ambitions affichées

Dans une lettre ouverte au Président de la République, le président de la FNSEA lui demande de faire preuve de davantage de cohérence entre les ambitions affichées en matière de planification écologique que la FNSEA partage et les moyens mis en œuvre pour y parvenir. Ainsi alerte-t-il Emmanuel Macron sur la difficulté à accroître les prairies permanentes sans plan pour l’élevage, ou l’augmentation de la biomasse sans une politique de stockage de l’eau et la mise en place d’alternatives aux interdictions de produits phytosanitaires. Et de citer par exemple le glyphosate qu’il est impératif de réhomologuer au niveau européen car il est indispensable au développement de l’agriculture de conservation parfaitement en phase avec la planification écologique.

Planification écologique : affecter les moyens aux ambitions affichées
Dans une lettre ouverte au Président de la République, le président de la FNSEA lui demande de faire preuve de davantage de cohérence entre les ambitions affichées en matière de planification écologique et les moyens mis en œuvre.

Monsieur le Président,

Lorsque vous avez présenté les grandes orientations de la planification écologique à l’issue du Conseil de planification écologique du lundi 25 septembre, vous avez mis en exergue le rôle pivot de l’agriculture française dans l’atteinte des objectifs de décarbonation de l’agriculture française.

Cette distinction, Monsieur le Président, est une reconnaissance de l’implication du monde agricole tout au long du processus de concertation et de conception des ambitions écologique de la France. En effet, partout dans les territoires, les agriculteurs ont apporté leur contribution pour un avenir profitable à tous, avec des propositions permettant de concilier croissance et développement durable.

La FNSEA, les agriculteurs français, savent que l’agriculture doit gravir un Everest, et qu’il va nous falloir réaliser en sept ans deux fois plus d’efforts que ceux consentis sur les deux décennies écoulées. Et ce, sans que cela ne vienne percuter un autre objectif tout aussi prioritaire : la reconquête stratégique de notre souveraineté alimentaire.

Ces efforts, Monsieur le Président, nous sommes prêts à les envisager, forts des trajectoires de progrès déjà engagées pour la décarbonation de nos activités dans les secteur végétal et animal, forts de nos projets qui participent à la décarbonation d’autres secteurs d’activité et à la préservation de biodiversité.

Nous avons eu l’occasion d’échanger sur ce point : l’atteinte des objectifs de la planification écologique passera par la mobilisation de tous les atouts des filières agricoles et par le soutien à une agriculture plurielle et diversifiée. Le plan tel qu’avancé présente en la matière des contradictions manifestes. Je vous le demande : comment pourrons-nous développer les indispensables prairies permanentes sans réelle ambition productive pour l’élevage ? Comment pourrons-nous assurer l‘incontournable augmentation de la production de biomasse agricole, sans véritable réflexion sur les moyens de productions, le stockage de l’eau ou sans favoriser la diversité des pratiques culturales ? Le cas de l’agriculture de conservation des sols en est un exemple frappant. Unanimement reconnue comme l’une des formes les plus vertueuses pour la séquestration du carbone et la préservation des sols, en parfaite cohérence avec la démarche de la planification écologique, cette pratique agronomique ne peut aujourd’hui se passer du glyphosate. C’est un fait scientifique, étayé par l’expérience de terrain. C’est le cas aussi pour de nombreuses productions pour lesquelles les alternatives sont inexistantes comme l’ont reconnu l’ANSES ou même l’EFSA.

« La science, rien que la science », proclamiez-vous, Monsieur le Président. Le monde agricole a également bien entendu, je vous cite, qu’une « écologie accessible, c’est ne jamais laisser les agriculteurs sans solution ». Aussi, au nom de la FNSEA, je vous le demande solennellement, Monsieur le Président : soyez cohérent et portez une réponse positive pour la réhomologation du glyphosate au niveau européen. Cette cohérence est la condition pour nous permettre de gravir l’Everest que représente le double défi de la souveraineté alimentaire et de la lutte contre le changement climatique. 

Arnaud Rousseau, Président de la FNSEA