CÉPAGES
Variétés à fin d’adaptation : une multiplicité de choix
Pour diversifier l’encépagement et répondre aux enjeux viticoles, l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO) a autorisé l’accès, pour les différentes appellations d’origine contrôlée, à de nouvelles variétés à fin d’adaptation dans les cahiers des charges.
Depuis 2018, l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO) a publié une directive permettant aux appellations d’ajouter à leur cahier des charges une nouvelle catégorie de cépages, appelée « variétés à fin d’adaptation » (Vifa). « Ces variétés de vigne sont limitées à 5 % de l’encépagement de l’exploitation, avec un nombre limite de dix cépages par couleur », annonce Viviane Bécart, chargée de l’activité conseil, expérimentation et développement au sein de l’Institut rhodanien.
Elles seront autorisées dans un cadre expérimental, avec un suivi technique et agronomique obligatoire réalisé par des organismes compétents en la matière durant une dizaine d’années, pour confirmer, ou non, l’intérêt des variétés sélectionnées. « Planter ces nouveaux cépages permettra aux viticulteurs de continuer à bénéficier de l’appellation même si ce n’est pas un cépage du cahier des charges », poursuit-elle.
Ainsi, la filière vitivinicole dispose de moyens supplémentaires pour répondre aux enjeux qui lui incombent, à savoir : le changement climatique et les périodes de sécheresse de plus en plus importantes, mais aussi les zones de non-traitement (ZNT) et de distance de sécurité riverain (DSR) par le biais de variétés résistantes aux maladies de la vigne (mildiou, oïdium).
Cépages locaux ou méditerranéens ?
« La porte d’accès aux Vifa permet de se réintéresser à des cépages du terroir, parfois oubliés ou laissés de côté, qui ne demandent qu’à être remis au goût du jour. Leurs défauts d’hier peuvent être des qualités aujourd’hui », indique Viviane Bécart. C’est aussi l’occasion de s’intéresser de plus près à des cépages étrangers méditerranéens qui ont fait leur preuve dans d’autres zones de production comme l’Espagne ou la Grèce, « qui ont des climats encore plus contraignants que nous aujourd’hui, et qui correspondraient à notre situation dans une vingtaine d’années. Les critères de sélection sont nombreux à prendre en compte : origine du cépage, type des sols, tolérance à la sécheresse, précocité au débourrement, vigueur, sensibilités aux maladies, potentiel de production, couleur, acidité et profil aromatique, etc. Plusieurs appellations ont d’ores et déjà mené cette réflexion mais il n’apparaît pas de solution magique. Le cépage parfait n’existe pas. C’est pourquoi il est possible de combiner jusqu’à dix cépages pour répondre aux différentes problématiques : la résistance, l’identité au terroir, etc. », assure Viviane Bécart. Avant de se lancer, il est toutefois important de s’assurer de la disponibilité du matériel végétal.