Bien-être animal et au travail, attractivité du métier de trayeur et optimisation globale du projet, tels sont les objectifs du projet multi partenarial ErgoTraite.
Il ne fait aucun doute, la traite est la tâche d’astreinte principale en élevage laitier et présente des impacts forts sur la productivité et la santé des vaches laitières. En effet, si la majorité des trayeurs trouvent cette tâche « agréable » (69 %) arguant du fait qu’en salle de traite ils peuvent tout voir, des facteurs de pénibilité sont sous-jacents. Plus de 40 % d’entre eux considèrent par exemple le nettoyage des surfaces trop long. Et cette astreinte pourrait devenir, selon les acteurs du projet ErgoTraite (Casdar IP 2021-2023, partenariat Idele/chambre régionale d’agriculture de Bretagne/E-Mage-In-3D/CCMSA/l’Institut Agro) « le point sensible de la filière laitière ».
Une ambiance à préserver
Pourtant, « la traite conventionnelle ou non robotisée doit rester une possibilité réaliste et attractive en complément du développement, plutôt logique, de la traite robotisée ». C’est en ce sens qu’est né le projet ErgoTraite. Ce dernier vise à assurer la durabilité des traites bovines conventionnelles, en limitant notamment le risque des troubles musculo–squelettiques (TMS). L’optimisation de la traite doit en effet s’imaginer de manière globale. Elle doit permettre l’installation d’un cercle vertueux suivant le principe du « One Welfare ». En clair, l’animal, le trayeur et la machine à traire sont interdépendants. Une traite de qualité préservera la santé de la mamelle et le bien-être animal sera respecté. Par ailleurs, les trayons seront faciles à traire et les animaux seront de fait plus coopératifs entraînant des émissions de lait optimum et moins d’incidents de traite et donc une traite de qualité. La boucle est bouclée.
Prendre en compte la hauteur de plancher mammaire
« On peut en effet avoir de très bons bâtiments mais si l’ambiance n’est pas bonne, des TMS peuvent apparaître. L’objectif est d’avoir un maximum de bonnes vaches et de bons laits à traire. Le système de traite le plus adapté est quand le trayeur a le sourire », expliquait un représentant de l’Idele au Sommet de l’élevage à Cournon début octobre.
Pour modéliser les choses, des mesures ont été effectuées sur les vaches traites sur des installations de traite de référence (lire encadré). Il en ressort notamment que les trayons les plus hauts et/ou les plus éloignés conduisent en grande majorité à des interventions pénibles. Les hauteurs de quai ne sont souvent pas adaptées à la morphologie des vaches laitières si l’on souhaite travailler à une hauteur convenable. Le dimensionnement des quais devrait en effet prendre systématiquement la hauteur de plancher mammaire en compte. Le projet se poursuit début 2024 notamment à destination des jeunes et futurs trayeurs. Des kits pédagogiques sont en cours de constitution.
Marie-Cécile Seigle-Buyat
La motion capture
Une analyse biomécanique par motion capture a été conduite dans des salles de traites de référence. Des capteurs ont enregistré les mouvements des trayeurs et repéré les zones de tension. Des observations ergonomiques ont également été conduites. Objectifs : analyser des situations pour mettre en avant des conditions bénéfiques, faire des recommandations aux équipementiers, conseillers bâtiment, mettre en avant les équipements et les pratiques favorables, sensibiliser à la bonne conduite d’un projet et au questionnement préalable à la rédaction de son cahier des charges.