INTERVIEW
G Guignand : « On ne pourra pas faire plus avec moins »
Gilbert Guignand Le président de la Chambre régionale d’agriculture dénonce les arbitrages de l’État actant une augmentation de 7 % de la TFNB alors que les chambres devront se contenter d’une hausse de 3 % de leur dotation.
Le projet de loi de finances a été adopté sans vote à l’Assemblée nationale, la Première ministre ayant choisi de recourir à nouveau à l’article 49.3. Quelles sont conséquences pour le monde agricole ?
Gilbert Guignand : « Nous sommes très en colère puisque tous les propriétaires fonciers, dont bon nombre sont des agriculteurs, vont payer 7 % de plus de taxe sur le foncier non bâti (TFNB), tandis que les chambres d’agriculture vont devoir se contenter d’une hausse de 3 % de leur dotation, quand les collectivités vont bénéficier d’une réévaluation de 7 %. Cette augmentation de 3 % est loin de couvrir la seule inflation, alors même que les pouvoirs publics dans tous les projets de loi actuellement sur la table, entendent demander davantage aux chambres d’agriculture. Nous avions besoin de ces 7 % d’augmentation, d’autant que depuis dix ans, nos dotations n’avaient quasiment pas bougé. »
En somme, vous militiez pour que l’argent prélevé aux agriculteurs, leur revienne ?
G.G : « Avant l’examen du projet de loi de finances et son adoption sans vote à l’Assemblée, nous défendions en effet le principe d’une augmentation à 7 % afin de continuer à accompagner les agriculteurs face aux défis qui sont devant eux. Et ils ne manquent pas : renouvellement des générations, intensification du conseil sur la transition écologique, décarbonation, création de valeur sur les territoires, nouveaux enjeux identifiés dans le cadre de la PLOA… À l’occasion du Sommet de l’élevage, nous avions sensibilisé les ministres de l’Agriculture et de l’Économie sur ce besoin de fonds supplémentaires pour financer ces nouvelles missions. Le monde agricole supporte des hausses de taxes (TFNB, redevance pour pollution diffuse, redevance prélèvement sur l’eau désormais indexée sur l’inflation) mais l’État refuse un retour de ces euros pour accompagner les agriculteurs, c’est profondément injuste et contre-productif. Nous ne demandons pas de l’argent supplémentaire, nous demandons simplement ce qui nous revient. »
De quels recours disposez-vous pour obtenir gain de cause ?
G.G. : « Nous avons une rencontre prévue avec les sénateurs. Nous espérons faire bouger les lignes. Mais une chose est sûre, si les choses restent en l’état, nous ne pourrons pas répondre à toutes les demandes qui nous sont faites par le ministère de l’Agriculture. »