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Fruits

Augustin Aguilar : le kiwi Dori comme fer de lance

 Exploitant agricole depuis 1984 à Saulce-sur-Rhône, Augustin Aguilar s’est aujourd’hui spécialisé dans la production de kiwis à chair jaune, sous serres photovoltaïques.

Augustin Aguilar : le kiwi Dori comme fer de lance
Plus de 2 hectares de serres photovoltaïques ont été implantées sur une parcelle à Saulce-sur-Rhône pour y abriter les arbres.

Une succession d’aléas. C’est ce qui a conduit Augustin Aguilar, agriculteur depuis plus de trente ans à Saulce-sur-Rhône en production céréalière, de semences et de fruits, à se recentrer sur la production de kiwis. « Cela fait une quinzaine d’années que je cultive des actinidiers (arbres à kiwis, ndlr), plus rémunérateurs, plus attractifs », explique-t-il, après avoir testé les fruits à noyau (pêches, abricots). Cependant, son verger ayant subi de plein fouet la bactériose (PSA), il a fallu chercher à innover. En 2016, il est contacté par la société Reden Solar (anciennement Fonroche Solaire, ndlr), pour monter un projet de verger agrivoltaïque d’une surface de 21 100 m². Il s’associe alors à Bernard Vossier et tout deux créent l’EARL Guerivel pour cultiver plus de 2 hectares de kiwis à chair jaune, de variété Dori. Une espèce à valeur ajoutée, adaptée à une production sous serre. « Elle n’a besoin que de 250 à 400 heures de froid à l’année, contre 800 à 1 000 heures pour une espèce comme le Summer kiwi, à chair verte », précise-t-il. Ce fruit à chair jaune reste cependant assez peu connu en France. « Contrairement à la Nouvelle-Zélande qui a lancé le marché du kiwi jaune et qui en fait la promotion, ce produit souffre aujourd’hui de méconnaissance en Europe », regrette l’arboriculteur. Il ne cache pas qu’il avait quelques inquiétudes au moment de lancer ce projet sous serre, notamment sur l’effet lumière et l’induction florale en hiver. Mais les doutes ont été levés dès les premières récoltes. « Nous avons récolté 15 tonnes à l’hectare en 2019, un peu moins en 2020 du fait de l’alternance, et nous envisageons une récolte de 20 à 23 tonnes hectare cette année », annonce Augustin Aguilar.

Une solution  pour une culture indemne

Il s’agit d’une variété très productive, dont la récolte démarre entre le 15 et le 20 septembre. Cependant, sa production demande quelques précautions. Si les serres offrent une protection contre les aléas climatiques (vent, grêle, gel) et contre la bactérie PSA, dévastatrice de nombreux vergers, elles n’empêchent pas la présence de parasites, tels que les cochenilles ou les botrytis (moisissures). « Le taux d’hygrométrie est assez élevé », souligne-t-il. Mais Augustin Aguilar souhaite mettre l’accent sur l’importance des protections face aux aléas climatiques. « Des efforts doivent être portés, par les élus et pour le monde agricole, pour encourager tous les dispositifs qui tendent à protéger nos cultures ». Et il rappelle qu’en cas de fortes périodes de gel, comme la Drôme l’a connu au mois d’avril, les serres ne suffisent pas. « Nous avons dû allumer des bougies pour réchauffer les arbres sous la serre », dit-il. Parmi les projets de l’exploitation, Augustin Aguilar et son associé réfléchissent à la production de kiwis à chair rouge, « dans le but de segmenter le marché ». Une espèce venue de Chine, plus petite et plus sucrée, qui peut se mener uniquement sous serre du fait de sa trop grande sensibilité à la bactériose : « le patrimoine génétique des kiwis est énorme », conclut-il. 

Amandine Priolet

Augustin Aguilar : « L’arboriculture régionale est en danger »

Président de la commission kiwi au sein de la coopérative Lorifruit de Loriol-sur-Drôme, Augustin Aguilar suit avec attention le développement des actinidiers en France. « Le Sud-Ouest, bassin de production dominant, semble avoir un taux de perte dû au gel du printemps moins élevé que le nôtre, à savoir entre 15 et 20 % », déclare-t-il. Au-delà de ces aléas climatiques malheureux, la filière doit faire face au problème de la bactérie PSA mais aussi aux non-renouvellements des vergers. « En France, la situation globale par rapport aux besoins de production est déficitaire », prévient-il. Au niveau de Lorifruit, « les volumes ne seront pas là cette année ». Une saison entâchée par le caractère exceptionnel du gel de printemps. « L’arboriculture régionale est en danger. Il faudra des aides financières pour sécuriser la production et assurer une régularité de rendement aux agriculteurs », termine-t-il. 

A. P.

Augustin Aguilar s’est spécialisé dans la production de kiwis depuis trois ans.