Sécheresse
Renforcement des restrictions sur l’eau

Renforcement des restrictions sur l’eau
©Archives AD

Le déficit hivernal de pluviométrie, cumulé à l’absence de précipitations au cours des premiers mois de l’année 2022, au fort vent des dernières semaines et à des températures exceptionnelles au mois de mai, ont fortement dégradé l’état des cours d’eau et des nappes, dont les niveaux sont exceptionnellement bas pour la période. Après la réunion du comité « ressource en eau » du 24 mai, et compte tenu de l’aggravation de la situation liée à l’absence durable de pluie, la préfète de la Drôme a décidé de placer, le 30 mai, les secteurs Galaure, Drôme des collines, Plaine de Valence, Drôme, Roubion et Jabron en alerte renforcée sécheresse, tant en ce qui concerne les eaux superficielles que les eaux souterraines. Cette mesure ne concerne pas les secteurs du Royans, du Vercors et du fleuve Rhône, qui demeurent en vigilance. Le Lez, l’Eygue et l’Ouvèze restent en alerte ainsi que les affluents de la Valloire.

- Pour les exploitants agricoles, sur les secteurs en alerte renforcée, s’appliquent une diminution de 40 % des capacités de prélèvement d’eau et la mise en place des tours d’eau. « Cette mesure peut amener les agriculteurs à devoir irriguer en journée, en toute légalité, afin de respecter leur tour d’irrigation », précise la préfecture, qui ajoute que « les agriculteurs sont les principaux usagers de l’eau et également les plus touchés par les mesures de restrictions ».

- Pour les collectivités publiques, l’arrêté préfectoral interdit l’arrosage des pelouses et des espaces verts de 7 h à 23 h ainsi que des stades et espaces sportifs. Sont également interdits, notamment, le lavage à l’eau des voiries, terrasses et façades...

- Pour les particuliers, l’interdiction d’arroser les pelouses et les espaces verts est également en vigueur de 7 h à 23 h de même que le remplissage des piscines (sauf première mise en eau suite à construction) et leur remise à niveau. De plus, il est interdit de laver les véhicules hors des stations de lavage, à l’exception des obligations réglementaires (véhicules sanitaires ou alimentaires), techniques (bétonnières…) et liées à la sécurité. Les mêmes interdictions s’appliquent aux entreprises lesquelles, lorsqu’elles sont concernées, doivent mettre en œuvre les mesures de restriction d’eau prévues par les arrêtés préfectoraux d’autorisation des installations classées (ICPE).
« Le respect de ces restrictions fera l’objet de contrôles renforcés par les services de la police et de la gendarmerie nationales », prévient la préfecture de la Drôme, qui demande aux maires de mobiliser leurs polices municipales et leurs gardes champêtres « afin de participer pleinement à ces contrôles ». Tout contrevenant s’expose à une contravention de cinquième classe (jusqu’à 1 500 €). 
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Pas d’amélioration sur le front de la sécheresse

En France, pas moins de 92 arrêtés préfectoraux ont été pris fin mai afin de limiter les usages de l’eau. Sans être catastrophique, la situation demeure cependant préoccupante. « Nous prenons des mesures pour gérer la ressource en eau et éviter que la situation ne soit ingérable cet été », a déclaré la Première ministre, Élisabeth Borne, le 26 mai lors d’une visite dans une exploitation agricole située à Sandillon dans le Loiret. Elle était accompagnée de la ministre de la Transition écologique, Amélie de Montchalin, et du ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau. Tous les trois ont rencontré des agriculteurs et dressé un état des lieux de la situation. Ce département, comme une partie de la Vienne, du Rhône, du Sud Vendée, de la Charente-Maritime, de la Dordogne, des Bouches-du-Rhône et du Tarn est situé en alerte renforcée.
Certaines parties du territoire sont même déclarées en « état de crise », obligeant les autorités publiques (préfet et maires notamment) à limiter les usages de l’eau. C’est notamment le cas pour le Nord-Vendée, des zones nord de la Vienne, l’ouest du Loiret. Au total, ce sont plus d’une trentaine de départements français qui font l’objet de restrictions plus ou moins importantes dont 24 en alerte ou en crise. Si certains usages domestiques comme le lavage des voitures, le remplissage des piscines ou encore l’arrosage des pelouses et massifs sont interdits, les agriculteurs peuvent être touchés par des limitations d’usage, notamment l’irrigation. L’état de crise, le plus élevé avec un niveau 4 (contre 3 pour l’alerte renforcée ; 2 pour l’alerte et 1 pour la vigilance) prévoit notamment l’arrêt des prélèvements à des fins agricoles, réservant l’eau à des usages prioritaires : eau potable, santé, sécurité civile…

Calamités agricoles

Selon l’hydrologue et présidente de MayaneLabs, Emma Haziza, « la France s’oriente vers une sécheresse historique », qui pourrait dépasser celle de 1976. Invitée de France Info le 29 mai, la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, a elle aussi souligné l’état de sécheresse de la France qui hypothèque les rendements en céréales, notamment ceux du blé. Élisabeth Borne, qui a donné consigne aux préfets, de « préserver au maximum la ressource en eau » a pris conscience de l’inquiétude des agriculteurs, notamment des éleveurs. Elle a assuré, que « partout où ça se justifiera nous activerons cette année le dispositif des calamités agricoles pour les fourrages ».