Assemblée générale
« L’IGP abricot des Baronnies, bientôt une réalité prometteuse »

L’an dernier, les aléas climatiques ont durement impacté les arboriculteurs des Baronnies. Les gels en avril ont détruit les deux tiers de la récolte d’abricots. Cependant, tous saluent la réactivité des pouvoirs publics pour verser des aides indispensables à la survie des exploitations. Plus que jamais d’actualité, l’aboutissement du dossier IGP ouvre des perspectives.

« L’IGP abricot des Baronnies, bientôt une réalité prometteuse »
À Bésignan, autour de Franck Bec, président du syndicat des producteurs d’abricots des Baronnies, étaient réunis élus locaux et représentants d’organisations agricoles. ©JMP

«Ces dernières années, la focalisation sur l’indication géographique protégée (IGP) a mobilisé beaucoup d’énergie, mais nous y avons toujours cru. Notre dossier a franchi avec succès de nombreuses étapes : en septembre il passait entre les mains de la Commission européenne. Le prochain palier sera sa publication au journal officiel de l’Union européenne qui nous permettra d’envisager une récolte IGP en 2024. » C’est par ces mots que Franck Bec a ouvert l’assemblée générale annuelle du syndicat des producteurs d’abricots des Baronnies qu’il préside, le 20 février à Bésignan. Dans la salle, outre les arboriculteurs, on notait la présence de Christelle Ruysschaert (vice-présidente du parc naturel régional des Baronnies), Pierre Combes (conseiller départemental), Benoit Chauvin Buthaud (conseiller chambre d’agriculture), Stéphane Levi-Valensi (représentant  la sénatrice Marie-Pierre Monier) ainsi que Regis Aubenas et Isabelle Ladet (respectivement président et animatrice de l’association Fruits Plus) et Isabelle Nuti et Manon Courias (respectivement directrice et chef du service agriculture de la DDT de la Drôme). Ces dernières ont été saluées pour la diligence et l’efficacité avec lesquelles elles ont traité les dossiers calamités 2021 et 2022. 
La reconnaissance de l’abricot des Baronnies en IGP reste évidemment la priorité du syndicat, avec le soutien de la chambre d’agriculture de la Drôme et du PNR des Baronnies provençales. Benoit Chauvin Buthaud a rappelé que le dossier arrive en fin de parcours. Valérie Keller, déléguée à l’institut national de l’origine et de la qualité de (Inao), a précisé que l’étape ultime, c’est-à-dire sa publication en 27 langues au journal officiel de l’Union européenne, laissait encore quelque temps à la filière pour affiner sa structuration et sa stratégie de marketing et de commercialisation.

Une sixième année de gel

Par ailleurs, au bilan de l’année écoulée, on notera que la récolte d’abricots des Baronnies, en 2022, a été décimée par un gel désormais récurrent sur les mêmes zones de production, alors qu’ailleurs en Drôme la récolte a été significative. Après un hiver plutôt chaud a succédé un printemps calamiteux avec des  gels alimentés par des masses d’air glacial venues de Sibérie décimant, pendant le week-end des Rameaux du 8 au 11 avril, plus de 70 % des fruits, ceci après une floraison précoce qui, une fois de plus, n'a pu tenir ses promesses. Les volumes récoltés (10 % de la production française) sont comparables à ceux de l'année précédente déjà fortement impactée par le gel, soit 4 000 à 5 000 tonnes sur les 12 000 à 15 000 tonnes cueillies habituellement. Malgré ce contexte, « l'abricot des Baronnies en 2022 a été de qualité, bien chargé en sucre et de belle coloration offrant un visuel attractif et un gustatif flatteur et incitatif », a indiqué Franck Bec.
Au global, la production française d’abricots a représenté environ 128 000 tonnes. La récolte européenne, en légère hausse par rapport à 2021, a été estimée à 515 000 tonnes, marquée par une production espagnole impactée par des pluies nourries en mars et des gels en avril la faisant chuter de 94 000 à 59 000 tonnes. Avec plus de 263 000 tonnes, l’Italie est devenue le premier producteur européen d’abricots.
Depuis cinq ans, la production d’abricots des Baronnies est écoulée à l’export vers l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la Belgique ou les Pays-Bas. Le reste de la production est vendu localement, à travers le réseau des circuits courts ou en grandes surfaces.

Stockage carbone, réseau Lorawan...

Lors de l’assemblée générale, Clément Tourre, arboriculteur à l’EARL de Soubeyrand, a exposé brillamment sa démarche éco-responsable de stockage du carbone dans les sols. Arboriculteur à Sahune, Olivier Brun, tout aussi convaincant, a évoqué la mise en place du réseau Lorawan, un réseau de capteurs connectés avertissant en temps réel la localisation et l’arrivée des gelées. Quant à Isabelle Ladet et Regis Aubenas, de Fruits Plus, ils ont donné quelques éléments sur ce que pourrait être le plan de souveraineté fruits du Gouvernement ainsi que sur les droits et démarches à entamer pour le montage des dossiers d’aide face aux pertes de récoltes ou  projets d’investissements et d’acquisition de matériel.

J-M. P.