COSMÉTIQUES
Quand la châtaigne s’ouvre au monde  des cosmétiques

Installée à Saint-Pierreville en Ardèche, Sabine Loulier lance une gamme de crèmes cosmétiques à base de farine de châtaignes récoltées sur l’exploitation familiale, sous la marque « Castanaïs ». Des « cosmétiques de terroir », qui révèlent les propriétés encore inexplorées de la châtaigne.

Quand la châtaigne s’ouvre au monde  des cosmétiques
Au-delà des propriétés de la châtaigne, ces produits cosmétiques ont été conçus dans l’idée de mettre en valeur l’histoire de l’exploitation familiale et du terroir ardéchois. ©Castanaïs

Intimement ancré dans le patrimoine agricole et culturel de l’Ardèche, le châtaignier y tient une place d’arbre nourricier par excellence. Ses fruits, frais ou transformés, sont essentiellement valorisés dans l’alimentation humaine ou le pâturage. « Ça manque tellement de modernité ! » confie avec tendresse Sabine Loulier.
Originaire de Vauvert (Gard), cette jeune entrepreneuse de 52 ans vit à Saint-Pierreville depuis plus d’une trentaine d’années aux côtés de son mari Emmanuel, qui élève des brebis et entretient 12 hectares de châtaigniers dont les fruits sont vendus à la coopérative fruitière Rhoda-Coop. « J’ai toujours trouvé un peu dommage de ne transformer la châtaigne que sous forme de crème, qui, de plus est dite de marrons, alors qu’on pourrait faire des choses extraordinaires », ajoute Sabine Loulier.
Elle cultive de longue date l’idée de valoriser la châtaigneraie de l’exploitation familiale dans d’autres domaines, découvre ses multiples propriétés au fil des saisons, notamment dans le cadre d’une exposition organisée à la Maison du châtaignier durant la Fête de la science… « Et l’idée a germé de faire une ligne de cosmétiques  », retrace-t-elle.

Sabine Loulier s’est basée sur les propriétés de la châtaigne, dont la composition est riche en sucres, en polyphénols et en acides linoléiques, pour concevoir ses produits cosmétiques. ©AAA

Des propriétés peu valorisées dans les cosmétiques

Pour concevoir ses produits cosmétiques, Sabine Loulier se base sur les propriétés de la châtaigne, dont la composition est riche en sucres, en polyphénols et en acides linoléiques, donc naturellement hydratante, antioxydante et active sur la fabrication des cellules de la peau. « La châtaigne a un côté hydratant qui conviendra parfaitement à des gens qui ont des peaux très sèches ou avec un peu de psoriasis. Elle est également très riche en vitamine C, qui apporte le côté réparateur d’une bonne crème anti-rides. »
Elle trouve un appui auprès du laboratoire cosmétique, pharmaceutique et alimentaire Germandré Cosmetic, basé à Vals-les-Bains, qui accepte de la suivre dans cette aventure. « Je voulais avoir l’attache d’un laboratoire fiable qui puisse certifier et garantir que les produits respectent la réglementation et les normes », précise Sabine Loulier. « La première difficulté à laquelle nous avons été confrontés est que la châtaigne n’est pas un produit cosmétique identifié en tant que tel, donc il a fallu faire valider son utilisation pour la fabrication de produits cosmétiques. »

Refléter « l’histoire de notre châtaigneraie »

Durant ses recherches menées avec le laboratoire, elle choisit d’utiliser la châtaigne sous forme de farine et fait appel à deux ateliers de transformation certifiés bio et AOP Châtaigne d’Ardèche. De cette farine, elle fabrique alors des produits alimentaires (crème, crème épicée et châtaignes au naturel) vendus en direct : « C’était un projet annexe, qui m’a permis de me roder au e-commerce, au contact client, à l’Urssaf, la CMA… », ironise Sabine Loulier.
Parallèlement, elle s’éloigne petit à petit de son métier de professeure d’anglais, suit une formation sur le digital et peaufine sa stratégie. « Mon idée est de proposer des cosmétiques de terroir issus de notre exploitation, qui soient le reflet de l’histoire de notre châtaigneraie et d’un patrimoine plus large, en travaillant avec des entreprises locales, dans l’idée de les partager et les mettre en lumière, montrer d’où vient la crème que vous mettez sur votre visage, où les châtaignes utilisées pour la faire sont récoltées et transformées, tout en proposant des produits certifiés de A à Z. » 

Des cosmétiques « le plus vert possible ! »

Vendus sous la marque « Castanaïs », les produits cosmétiques de Sabine Loulier sont présentés dans des contenants naturels et biodégradables. 
Une même attention a été portée sur le packaging, la colle ou l’encre utilisée pour les étiquettes, et même sur le site Internet de la marque, actuellement en construction, qui affichera des couleurs éco-responsables. « Tout l’assemblage a été calculé afin que chaque ingrédient soit biologique, tracé, traçable et le plus vert possible ! Sur l’exploitation, on n’utilise pas de pesticides, énormément de travail est fait à la main, les brebis ne sont pas stressées, on fait vraiment des efforts pour avoir une production propre, correcte, donc il était impossible de faire quelque chose qui ne soit pas dans cette veine. »

A.L. 

Son mari Emmanuel entretient 12 hectares de châtaigneraie et élève des brebis. Leur fils, Gabriel, ici à gauche, rejoindra l’exploitation en janvier prochain.  ©AAA

Mise sur le marché prévue en fin d’année

Pour le moment, deux crèmes, une pour le visage et une pour le corps, ont été conçues et ont obtenu une autorisation de mise sur le marché mi-octobre. « On va tout faire pour pouvoir sortir un produit à mettre sous le sapin pour Noël ! » Ces produits seront tout d’abord vendus en direct puis destinés au marché du e-commerce.
Convaincue du fait que la châtaigne offre de multiples possibilités, Sabine Loulier ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin, « à condition de rester dans des produits bio, sans additifs ». Elle envisage d’élargir sa gamme de produits cosmétiques rapidement. Quant à la fleur de châtaignier, qui n’échappe pas aux nez les plus fins, elle rêverait « d’en faire du parfum ! » 
A.L.