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CHAMBRE CONSULAIRE

La chambre d’agriculture alerte sur les difficultés de trésorerie des exploitations

Le 24 novembre à Bourg-lès-Valence, la chambre d’agriculture de la Drôme a réuni ses membres pour la présentation de son budget 2024. L’occasion également d’annoncer le lancement du « club drômois de l’alimentation », d’alerter sur les problématiques de protection des cultures et d’afficher un soutien aux filières drômoises d’élevages.

La chambre d’agriculture alerte sur les difficultés de trésorerie des exploitations
De g. à d. : Pierre Combat, Jean-Pierre Royannez et Damien Colin, respectivement vice-président, président et directeur de la chambre d'agriculture de la Drôme et Anne Heurtaux, directrice adjointe de la DDT 26. ©S.S.-AD26

Qui dit session d’automne pour la chambre d’agriculture dit présentation et approbation du budget initial de l’année à venir. Pour 2024, celui annoncé est de 8,95 millions d’euros, en recul de 18 % par rapport à 2023. Une variation qui s’explique par l’organisation du salon Tech&Bio sur l’année en cours qui, tous les deux ans, vient gonfler le budget de fonctionnement de la chambre d’agriculture de la Drôme. Du côté de l’effectif salarié, celui-ci restera stable à 82 équivalents temps plein (ETP). Un agent sera recruté pour préparer les élections de l’organisme consulaire prévues en 2025. Damien Colin, directeur de la chambre d’agriculture, a également précisé que la mission de contrôle de performances en ovin, jusqu’alors confiée à Adice, serait reprise en interne, « ce qui permettra de consolider un poste de conseiller élevage », a-t-il précisé.

Soutien aux élevages drômois

Cette session a également été marquée par l’adoption à l’unanimité d’une délibération de soutien aux filières drômoises d’élevages, co-rédigée par les responsables des différentes filières, tous syndicats confondus. Présenté par Nathalie Gravier, membre du bureau de la chambre d’agriculture, le texte rappelle la baisse du cheptel drômois ces dix dernières années, la pression grandissante de la prédation, les menaces que pourrait représenter le développement de la viande de synthèse... Il insiste sur la nécessité d’accompagner les exploitations vers des systèmes d’élevage durables garantissant aux éleveurs de vivre correctement de leur métier. La délibération plaide pour le maintien d’outils de transformation performants sur le territoire, la valorisation des nombreux signes de qualité et produits locaux typiques de la Drôme, la reconnaissance du rôle des élevages drômois dans le maintien de milieux ouverts et dans la préservation des paysages… Cette délibération, véritable « manifeste pour l’élevage drômois », fixe le cap politique souhaité par les élus de la chambre d’agriculture.

Protection des cultures

Autre sujet de préoccupation pour les agriculteurs drômois : l’absence de moyens de lutte efficace pour certaines productions végétales. Bruno Darnaud, membre du bureau de la chambre d’agriculture, a présenté la motion* rédigée collectivement avec les représentants des différents syndicats. Face aux ravageurs émergents dans un contexte de réchauffement climatique et d’intensification des échanges internationaux, à des moyens en recul pour la surveillance des territoires, au retrait de nombreuses substances actives sans solutions alternatives efficaces, à la distorsion de concurrence avec d’autres pays où les restrictions sont moindres, la profession agricole drômoise a souhaité alerter solennellement les Pouvoirs publics. Ainsi, via sa motion adoptée à l’unanimité, la chambre d’agriculture demande à l’État la reconstruction d’une réelle politique publique sanitaire, la garantie que les produits importés respectent les mêmes normes de protection phytosanitaire que celles exigées en France ou encore des moyens conséquents pour la recherche et l’expérimentation.

Des exploitations fragilisées

Le président Jean-Pierre Royannez a conclu cette session en rappelant que la campagne qui s’achève laisse de nombreux agriculteurs face à des difficultés de trésorerie. Hausse des charges et baisse des prix des productions ont fragilisé les exploitations. Si des mesures d’accompagnement ont été obtenues, notamment l’enveloppe pour la noix et la cerise, Jean-Pierre Royannez a rappelé que, trop souvent, les critères d’éligibilité pénalisent les exploitations drômoises très diversifiées. Autre inquiétude pour les trésoreries : le versement des aides Pac. « Dans le cadre des éco-régimes mais aussi d’autres aides couplées, nous redoutons que le versement final ne corresponde pas à ce qui avait été promis aux agriculteurs. L’État doit honorer ses engagements et abonder cette ligne », a-t-il insisté. Anne Heurtaux, directrice adjointe de la DDT 26, a confirmé qu’il y avait bien eu à l’échelle nationale une sous-estimation du nombre de demandes concernant les éco-régimes, « qui devrait se traduire par une diminution du montant à l’hectare ». Elle a indiqué que des discussions étaient en cours au niveau national pour revoir le PSN** en 2025 et transférer de l’argent du second pilier de la Pac vers le premier. 

Enfin le président de la chambre d’agriculture a rappelé que les « assises de l’eau » s’ouvriront en Drôme le 1er décembre. « Nous aborderons ce rendez-vous très positivement et avec volontarisme. Nous souhaitons que les débats et réflexions soient pragmatiques, rationnels et permettent l’intégration des spécificités des différents territoires. N’hésitons pas à identifier pour les porter au plan national les blocages juridiques et réglementaires qui pourraient entraver la mise en place de solutions d’avenir. Nous attendons de ces assises, qui s’étaleront sur 2024, qu’elles favorisent le multiusage avec l’ambition de préserver le dynamisme des territoires dans toutes leurs dimensions », a insisté Jean-Pierre Royannez.

Sophie Sabot

* Motion relative à la protection phytosanitaire des cultures et à l’inquiétude de la profession agricole sur l’absence de moyen de lutte efficace.
** PSN : plan stratégique national pour la Pac 2023-2027.
 
DÉMARCHES ADMINISTRATIVES

Guichet unique des formalités d’entreprise

Depuis le 1er janvier 2023, les formalités administratives des entreprises doivent être effectuées en ligne depuis le site géré par l’Inpi. Tout au long de l’année 2023, la chambre d’agriculture, qui était auparavant l’interlocutrice des agriculteurs via le centre de formalités des entreprises (CFE), a tenté d’accompagner au mieux ses ressortissants dans cette phase de lancement du guichet unique. Mais l’outil, pourtant annoncé comme une « simplification pour les entreprises », est encore loin de remplir cet objectif. 

Valérie François, conseillère en charge de ce dossier, a indiqué que la chambre d’agriculture de la Drôme avait reçu plus de 1 200 contacts (mails ou appels) sur ce sujet depuis le début de l’année, qu’il s’agisse de déclarants, mais aussi de notaires, d’avocats rencontrant des difficultés avec le nouveau guichet unique. Elle a rappelé qu’une assistance téléphonique sur le guichet unique est proposée chaque mardi et jeudi de 8 h 30 à 12 h 15, ainsi que des accompagnements personnalisés sur rendez-vous.

INITIATIVE

Lancement du club drômois de l’alimentation

En février prochain devrait se tenir l’assemblée générale constitutive du club drômois de l’alimentation. Ce projet est porté depuis deux ans par le conseil départemental et les trois chambres consulaires (agriculture, commerce et industrie, métiers et artisanat). « L’objectif de ce club est de mettre en relation les professionnels de l’alimentation du territoire pour développer le manger drômois », a rappelé Aude Le Rhun, chef de projet alimentation durable à la chambre d’agriculture. Un travail préalable au lancement de ce club a été réalisé durant dix-huit mois pour identifier les besoins des opérateurs économiques, des collectivités locales et autres partenaires déjà engagés sur le terrain. Parmi les missions du futur club : favoriser pour les opérateurs (transformation, distribution...) le sourcing, c’est-à-dire la recherche d’approvisionnement en produits locaux, ou encore apporter un appui à la commercialisation en GMS ou restauration collective pour de nouveaux ateliers… Franck Soulignac, vice-président du conseil départemental a rappelé que la collectivité soutient le projet dans sa phase de lancement et insisté sur le partenariat constructif qu’il a permis de nouer entre les trois chambres consulaires de la Drôme.