Photovoltaïque
Haies solaires : quels sont  leurs impacts ?

Engie Green a lancé une expérimentation grandeur nature sur l’agrivoltaïsme à Laqueuille dans le Puy-de-Dôme en partenariat étroit avec l’Inrae. Les premiers résultats du démonstrateur Camélia, composé de haies solaires, ont été présentés à l’occasion du Sommet de l’élevage à Cournon.

Haies solaires : quels sont  leurs impacts ?
Le profil d’activité des animaux observé pendant l’étude demeure constant. ©EngieGreen

Des panneaux verticaux bifaciales au milieu des pâtures ou autrement dit des haies solaires, c’est ce que propose la solution Camélia d’Engie groupe. Objectif : permettre aux agriculteurs de diminuer la facture énergétique de leur exploitation tout en continuant d’assurer leur mission première : produire. Ainsi, la filiale du groupe Engie revendique une emprise au sol limité permettant la pratique de l’élevage. Elle affirme, par ailleurs, que ces panneaux verticaux assurent aux cultures un maximum d’ensoleillement en captant principalement la lumière du matin et du soir. Mais qu’en est-il réellement ? Depuis octobre 2022, une expérimentation grandeur nature, en partenariat étroit avec l’Inrae, est conduite sur le site de l’Herbipôle à Laqueuille dans le Puy-de-Dôme, à un peu plus de 1 000 m d’altitude.

Suivi agronomique

« Ce programme s’étend sur cinq ans et comprendra 3,5 ans de recherche », a expliqué, sur le Sommet de l’élevage, Catherine Picon-Cochard de l’Inrae de Clermont-Ferrand qui coordonne le travail scientifique de cette étude. Ainsi, sur une surface d’un peu moins d’un hectare de prairie permanente, « sur une zone assez humide » neuf haies solaires avec deux modalités d’inter-rang (12 et 18 m) ont été installées. L’unité mixte de recherche sur l’écosystème prairial, en collaboration avec l’unité mixte de recherche sur les herbivores et l’unité expérimentale herbipole, assure le suivi agronomique du dispositif depuis 2023. Impacts sur la prairie, sur la biodiversité ou encore sur le comportement des animaux sont observés de près. Les premiers résultats ont été présentés à l’occasion du Sommet de l’élevage.

Observations de deux ans

Au cours des deux premières années d’observation, 26 jours de pâturage ont été effectués par les bovins en 2023 et 21 jours en 2024. Entre trois et dix vaches de race prim’holstein étaient présentes sur la parcelle. Différents capteurs disposés à diverses distances des panneaux ou encore au centre de l’inter-rang ont permis de mesurer les précipitations, la température, l’humidité des sols, le rayonnement ou encore la vitesse et la direction du vent à deux hauteurs, au nord et au sud. Plusieurs capteurs permettant de mesurer l’activité des animaux (ingestion, rumination, repos, debout), leur position à l’ombre ou la lumière (capteurs de lumière) et spatiale (GPS) ont également permis d’observer l’incidence des panneaux sur les bovins.

Effets sur la prairie

Première observation après deux années : les panneaux solaires modifient le microclimat de la prairie. Ainsi, la vitesse du vent est divisée par deux au centre des inter-rangs quand aucune modification notable n’est constatée concernant sa direction. « De plus, au cours d‘une journée, les haies solaires modifient les conditions lumineuses et thermiques de manière temporaire de part et d’autre des panneaux », précise un communiqué de presse commun signé d’Engie green et de l’Institut de recherche. « Avec les haies, nous remarquons des conditions particulières d’ombrage. Au cours de la journée, des vagues d’ombre et de lumière se succèdent », expliquait Catherine Picon-Cochard. Toutefois, toutes les données microclimatiques n’ont pas encore été analysées précisent les deux partenaires. « Il faudra attendre encore un cycle pour pouvoir tirer des conclusions pertinentes. » Du côté de la production de biomasse, la distance entre les panneaux ou l’orientation semblent n’avoir aucun effet. Toutefois, la prairie de l’inter-rang de 18 m semble être plus productive. Plusieurs explications sont avancées selon l’Inrae et Engie green : « la variabilité spatiale intrinsèque de la parcelle, la présence d’un peu plus de graminées et potentiellement un peu plus de lumière en 18 mètres qu’en 12 mètres ». « Nous ne sommes en effet pas encore certains que c’est l’effet des panneaux », a confirmé la coordinatrice sur le Sommet de l’élevage. Des suivis pluriannuels seront donc nécessaires pour consolider ces conclusions et faire l’objet d’une publication. 

Marie-Cécile Seigle-Buyat

Haies et animaux

Lors d’un premier cycle de pâturage au mois de mai, en conditions humides et fraîches, les scientifiques ont observé que les animaux passent environ un tiers de leur temps dans les inter-rangs des panneaux et deux tiers de leur temps autour des panneaux. En situations plus chaudes et un peu plus sèches (2e cycle de pâturage en juin et juillet), les animaux ont passé un peu plus de temps à l’ombre des arbres situés sur la parcelle. De plus, la présence des panneaux ne semble pas modifier leur activité, car les profils d’activité ont été similaires sur la parcelle de l’étude et sur celle utilisée lors de l’inter-pâturage. Ces premières observations doivent être approfondies avec un jeu de données plus complet sur les autres cycles de pâturage étudiés.

Sur communiqué