À Alixan, le Cluster bio Auvergne Rhône-Alpes a placé les valeurs du bio au cœur des échanges de son assemblée générale. Ateliers collaboratifs, stratégie, nouvelles actions, plan bio régional ont permis de mieux positionner cette filière dans l’environnement économique actuel.

Le bio en crise d’adolescence ?
Jacques Caplat, secrétaire général d’Agir pour l’environnement et président d’Ifoam France, a incité les chefs d’entreprise à « monter en gamme en matière sociale » et à « mieux communiquer sur la santé et l’environnement ». ©P-LB

«L’année 2022 a été difficile pour nos entreprises des secteurs de l’alimentaire, de la cosmétique, des brasseurs, des magasins et grossistes. 224 magasins bio ont fermé en 2022 en France et nous avons enregistré 7,8 % de baisse des ventes de produits bio en volume, a confié Adrien Petit, directeur du Cluster bio Auvergne-Rhône-Alpes (Aura), en ouverture de l’assemblée générale le 6 avril à Alixan. Les porteurs de projets ou jeunes entreprises ont ralenti ou stoppé leur développement. Il faut mieux nous positionner et mieux nous comprendre pour adresser un message fort aux consommateurs. » Une centaine de producteurs, d’auto-entrepreneurs, de gérants de magasins bio, de chefs d’entreprise de l’agroalimentaire, du secteur des cosmétiques ou du textile ont assisté à cette assemblée générale qui s’est déroulée en deux temps avec des ateliers collaboratifs sur le thème « Agir ensemble pour la filière bio » et une conférence sur les marchés du bio intitulée « comment sortir de la crise d’adolescence ? ».

Valoriser la traçabilité et l’empreinte écologique

Le conférencier Jacques Caplat, secrétaire général d’Agir pour l’environnement, président d’Ifoam* France, a répondu aux attaques adressées à la filière bio et lancé un message fort aux chefs d’entreprise en les incitant à « monter en gamme en matière sociale » et à « mieux communiquer sur la santé et l’environnement ». Quant aux ateliers collaboratifs, qui ont connu un vrai succès, leur but premier était de nourrir le plan d’actions du Cluster bio Aura pour l’avenir. Une importante liste de propositions est sortie de ces groupes d’échanges.
« Nous avons parlé de la valorisation des produits bio, de la traçabilité, de l’empreinte écologique du bio et de pédagogie en abordant la loi Égalim et le label AB. Il faut mettre en avant les valeurs portées par la bio à travers des grands évènements nationaux », a expliqué Jonathan Duminy, gérant d’une Biocoop en Isère. La grande majorité des participants à ces ateliers souhaite développer une communication plus cohérente avec des messages forts. « La bio doit porter un message commun destiné aux consommateurs. Elle doit sensibiliser les plus jeunes (universités, écoles) à travers des conférences, des visites, des rencontres, des défis sportifs et des salons », a-t-il été dit.
La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) a aussi été au cœur des discussions. Les participants aux ateliers collaboratifs ont insisté sur la mutualisation des coûts des tests et des preuves scientifiques pour démontrer le sérieux de la démarche bio. D’autres propositions sont revenues lors de ces rencontres comme l’importance du lobbying politique, du bilan carbone, la création d’ambassadeurs du bio. « Il faut expliquer au grand public que la bio s’oriente vers une économie bas carbone, une économie durable. Le bilan carbone fait partie des exigences de la filière bio. La RSE doit valoriser l’empreinte carbone », a résumé une animatrice du Cluster bio. En conclusion, les ateliers collaboratifs ont révélé les besoins de la filière bio dans de nombreux domaines (éducation, prix, décarbonation...) et dans tous les secteurs : agroalimentaire, textile, cosmétique, restaurants...

Pierre-Louis Berger

* Ifoam : Fédération internationale des mouvements d’agriculture biologique.
 

Plan bio 2023-2027

Actions et perspectives

Le Cluster bio a travaillé à la construction du nouveau plan bio 2023-2027, sous la direction de la chambre régionale d’agriculture Auvergne-Rhône-Alpes, mandatée par la Région. Objectifs : identifier les besoins en matière première,fournir des informations sur la conjoncture aux filières d’approvisionnement. Sont aussi prévus un accompagnement technique et économique des productions bio, un suivi des installations et conversions en bio... De nouvelles cibles de conquête sont au cœur du dispositif : la restauration hors foyer, l’e-commerce, les pharmacies et parapharmacies... Un guichet unique permettra aux entreprises d’aller chercher du financement public ou privé.
P-L. B